Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 2.djvu/46

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cérémonies célébrées par eux ; bien différentes, les nôtres, produites par une cause insaisissable aux sens, sont aimées de ceux qui ont secoué tous les liens.

22. N’ai-je donc pas trop de ce corps dont l’origine est mauvaise, de ce corps qui a reçu l’existence de celui qui a insulté Hara ? J’ai honte du lien qui m’unit à un mauvais père. Malheur à une naissance due à celui qui a déplu aux sages les plus éminents !

23. Quand le bienheureux Çiva, dont le symbole est un taureau, me donne le nom de Dâkchâyaṇî, nom qui rappelle ta race, alors, renonçant à la joie et aux rires, je tombe dans un chagrin profond. Aussi j’abandonnerai certainement ce misérable corps qui doit l’existence à un insensé comme toi.

24. Mâitrêya dit : Après avoir ainsi accablé d’injures Dakcha au milieu du sacrifice, elle s’assit par terre en silence, en se tournant du côté du nord ; puis, ayant porté de l’eau à ses lèvres, et s’étant enveloppée dans son vêtement de soie de couleur jaune, elle ferma les yeux, et entra dans la voie du Yoga.

25. Ayant supprimé également toute expiration et toute inspiration, maîtresse de sa position, après avoir rappelé de la région du nombril le souffle vital nommé Udâna, et avoir peu à peu arrêté dans son cœur, à l’aide de sa pensée, ce souffle qu’elle venait de fixer dans sa poitrine, la Déesse irréprochable le fit remonter jusqu’à sa gorge, et de là jusqu’au milieu de ses deux sourcils.

26. C’est ainsi que, voulant abandonner ce corps que le plus grand des êtres avait tant de fois placé par tendresse sur son sein, la vertueuse Satî, poussée par la colère de Dakcha, soumit son corps à l’épreuve qui consiste à renfermer en soi-même le feu du souffle vital.

27. Pensant ensuite au nectar du lotus des pieds de son époux, du Précepteur de l’univers, elle ne vit plus rien autre chose ; et son corps, purifié de tout péché, parut tout d’un coup embrasé par le feu qu’y avait allumé la contemplation.

28. À la vue de cette étonnante merveille, tous les êtres, dans le ciel et sur la terre, poussant de grandes clameurs, s’écrièrent :