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APPENDICE. — No V.

vant qu’il y avait trouvé joint dans ces mêmes livres, et dont il avait déjà publié le texte tibétain[1] :

Sarvapâpasyâkaranam̃ kuçalasyôpasampradam
svatchittaparidamanam êtad Baddhânuçâsanam,

et il donna des deux stances réunies l’interprétation suivante, d’après la version tibétaine : Whatever moral (or human) actions avise from some cause, the cause of them has been declared by Tathâgata: what is the Check to these actions, is thus set forth by the great Çramana. No vice is to be committed: every virtue must he perfectly practised: the mind must be brought under entire subjection: this is the commandment of Buddha. Le docteur Mill contesta la légitimité de cette réunion des deux stances, et montra qu’il n’était pas prouvé que la première eût besoin d’être rapprochée de la seconde pour être comprise ; il remplaça dans la seconde upasampradam, qui ne donne pas de sens, par upasampadaḥ, et lisant akarané pour akaranam̃, il rendit le tout ainsi : « Quæquæ officia extant in causa quavis « originem habentia, causam eorum sic profectus ille (Buddhas) quidem declaravit ; eorumque quod obstaculum extat, ita quoque dicens magnus asceticus. Omnis peccati renunciatio, sanctitatis profectus, proprii intellectus subjugatio, hæc est Buddhæ disciplina[2]. »

Dans le même temps un Buddhiste converti au christianisme, Ratnapâla, récitait ainsi de mémoire ces deux stances sous leur forme pâlie :

Yê dhammâ hêtuppabhavâ têsam̃ hêtun Tathâgatô
âha têsañtcha yô nirôdha êvam̃vâdi mahâsamana.
Sabbapâpassa akaraṇam̃ kusalassa upasampadâ
satchittaparidamanâm̃ êtam̃ Buddhânusâsanam̃.

Mais il ajoutait que la seconde stance n’était pas nécessairement liée à la première. C’était confirmer le soupçon qu’avait très-judicieusement exprimé le docteur Mill[3].

Il était réservé à M. Hodgson de donner une interprétation réellement buddhique de cette formule, et d’en reproduire le sens d’une manière bien plus exacte que ses devanciers[4]. Approuvant M. Mill d’avoir séparé les deux stances, parce que la première se trouve à tout instant seule dans les livres sanscrits du Népâl qu’elle termine d’ordinaire, il nomma cette première stance, Yê dharmâ, etc., une véritable profession de foi philosophique et religieuse, et la traduisit ainsi avec le secours des interprètes népâlais :

« De tous les êtres qui procèdent d’une cause,
C’est le Tathâgata qui en a dit les causes ;
Et ce qui est la cessation de ces êtres,
Le grand Çramana l’a dit également. »

M. Hodgson fit suivre cette version d’observations excellentes qu’il résuma en ces termes : « Les points en question sont l’existence dans le monde versatile, et la cessation de cette

  1. Journ. of the asiat. Soc. of Bengal, t. III, p. 61.
  2. Ibid. t. IV, p. 136 et suiv.
  3. Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. IV, p. 138.
  4. Ibid. t. IV, p. 211 et suiv.