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APPENDICE. — No VI.

« Qu’un Religieux, ô Ânanda, dont l’esprit est affranchi de cette manière, dise : C’est une hérésie que de prétendre que le Tathâgata existe après la mort, voilà qui est impossible. Qu’il dise : C’est une hérésie que de prétendre que le Tathâgata n’existe pas après la mort, voilà qui est impossible. Qu’il dise : C’est une hérésie que de prétendre que le Tathâgata n’existe et n’existe pas après la mort, voilà qui est impossible. Qu’il dise : C’est une hérésie que de prétendre que le Tathâgata n’existe pas plus qu’il n’est non existant après la mort, voilà qui est impossible. Pourquoi cela ? C’est qu’un Religieux, ô Ânanda, affranchi par la connaissance de tout ce qu’embrassent la dénomination et la voie de la dénomination, de tout ce qu’embrassent l’indication et la voie de l’indication, de tout ce qu’embrassent la désignation et la voie de la désignation, de tout ce qu’embrassent la sagesse et le champ de la sagesse, de tout ce qu’embrassent la pratique et le domaine de la pratique [f. 81 a], ne connaît pas, ne voit pas un Religieux affranchi par cette espèce de connaissance ; qu’il dise : Ceci est une hérésie, voilà ce qui est impossible.

« Voici, ô Ânanda, quelles sont les sept places de l’intelligence, et les deux régions. Quelles sont ces sept places[1] ? Il y a des êtres, ô Ânanda, qui ont diversité de corps et diversité d’idées, comme par exemple, les uns qui sont hommes, les autres qui sont Dêvas, également sujets à périr ; c’est là la première place de l’intelligence. Il y a des êtres, ô Ânanda, qui ont diversité de corps et unité d’idées, comme par exemple, les Dêvas Brahmakâyikas, ce sont les premiers transformés[2] ; c’est là la seconde place de l’intelligence. Il y a des êtres, ô Ânanda, qui ont unité de corps et diversité d’idées, comme par exemple, les Dêvas Âbhassaras ; c’est là la troisième place de l’intelligence. Il y a des êtres, ô Ânanda, qui ont unité de corps et unité d’idées, comme par exemple, les Dêvas Subhakiṇṇas ; c’est là la quatrième place de l’intelligence. Il y a des êtres, ô Ânanda, qui s’étant élevés complètement au-dessus de l’idée de forme, l’idée de résistance ayant disparu pour eux, ne concevant plus l’idée de diversité, se disent, L’espace est infini, parce qu’ils ont atteint à la région de l’infinité en espace ; c’est là la cinquième place de l’intelligence. Il y a des êtres, ô Ânanda, qui s’étant élevés complètement au-dessus de la région de l’infinité en espace, se disent. L’intelligence est infinie, parce qu’ils ont atteint à la région de l’infinité en intelligence ; c’est là la sixième place de l’intelligence. Il y a des êtres, ô Ânanda, qui s’étant élevés complètement au-dessus de la région de l’infinité en intelligence, se disent, Il n’existe absolument rien, parce qu’ils ont atteint à la région où il n’existe absolument rien ; c’est là la septième place de l’intelligence. Il y a la région des êtres qui n’ont pas d’idées ; il y a la région où il n’y a ni idées, ni absence d’idées ; c’est la seconde région.

  1. Cela veut dire les êtres où prend place l’intelligence, qui sont doués d’intelligence.
  2. La phrase du texte est paṭhamâ hi nibbattâ ; cette expression doit s’entendre en ce sens, que le texte rappelle que les Brahmakâyikas occupent le premier des cieux dans lequel renaissent les êtres qui sortant de ce monde, ont mérité de revenir à l’existence parmi les Dêvas. Lorsque Mahânâma raconte qu’après avoir rempli en ce monde, sous le nom de Vêssantara, tous les devoirs imposés à un Bôdhisattva, Çâkyamuni reparut dans le ciel des Tusitas, il se sert de cette expression : âyupariyôsânê tusitapurê nibhatti, « au terme de son existence il naquit de nouveau dans la ville des Tusitas. » (Mahâvam̃saṭikâ, f. 24 b.) Voyez d’ailleurs touchant cette classe de Dêvas, l’Introd. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 609.