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APPENDICE. — N° VIII.

indiqueront le Vocabulaire pentaglotte ; d’un H, de cette manière, H1, H2, H3, etc. la liste de M. Hodgson ; d’un Lc, de cette manière, Lc1, Lc2, Lc3, etc. la liste commentée du Lakkhaṇa sutta pâli ; d’un L, de cette manière, L1, L2, L3, etc. la liste non commentée du même ouvrage ; d’un M, de cette manière, M1, M2, M3, etc. la liste du Mahapadhâna sutta ; d’un D, de cette manière, D1, D2, D3, etc. la liste du Dharma pradîpikâ singhalais.

1 Uchṇichaçîrchaḥ ; V1, H23, uchṇîchaçiraskatâ ; Lc23, L32, M31, D32 uṇhîsasîsô. Malgré l’apparente clarté des termes dont se compose ce premier caractère, il n’est pas facile de déterminer ce qu’il y faut voir en réalité. Selon Wilson, uchṇicha signifie 1o « un turban, » puis 2o « les cheveux frisés avec lesquels un Buddha vient du monde et qui indiquent sa sainteté future[1]. » Nous aurions donc dès l’abord le choix entre ces deux interprétations, « il a un turban sur la tête, » ou « il a sur la tête une chevelure frisée. » Mais il n’y a aucun doute que la première interprétation ne doive être abandonnée, parce qu’à ma connaissance il n’existe aucune statue, ni représentation graphique de Çâkyamuni Buddha qui nous le montre portant une coiffure quelconque ; on le voit, au contraire, la tête abondamment pourvue de cheveux qui sont disposés d’une manière caractéristique, ainsi que je le dirai plus bas. On devrait donc s’en tenir au sens indiqué par Wilson et dire : « Sa tête est couverte d’une chevelure frisée ; » mais les Tibétains nous en suggèrent un autre qui est préféré par les Buddhistes, en même temps qu’il semble confirmé par les statues et les images du Buddha. Ce sens est exprimé ainsi par M. Foucaux, d’après le Lalita vistara tibétain : « Il a une excroissance qui couronne sa tête[2]. » Enfin M. A. Rémusat donne une traduction de ce caractère, qui conforme en partie à celle des Tibétains, y ajoute un détail relatif à la disposition de la chevelure : « Il a les cheveux rassemblés en nœud sur un tubercule charnu placé au sommet de la tête[3]. »

Du rapprochement de ces diverses interprétations il résulte, ou bien que le terme d’uchṇîcha désigne des cheveux frisés ; c’est le sens déduit du Dictionnaire de Wilson : ou bien que gardant en partie sa signification première de « coiffure en forme de turban, » il désigne une manière de tourner en rond et de ramasser les cheveux sur le sommet de la tête ; c’est une portion du sens donné par M. A. Rémusat : ou bien encore que prenant une signification nouvelle, il désigne une protubérance du crâne ; c’est le sens des Tibétains et en partie celui de Rémusat. Que la traduction de cheveux frisés ne puisse convenir ici, c’est ce qui résultera clairement de l’examen d’un autre caractère, où sont décrits les cheveux disposés en boucles régulières. Restent donc les deux autres interprétations entre lesquelles nous avons à choisir, savoir, celle de « tubercule charnu placé au sommet de la tête », et celle de « chevelure rassemblée en nœud sur le sommet du crâne. » Dans l’état où nous sont parvenues les statues et les représentations du Buddha, il n’est pas toujours facile d’invoquer leur témoignage avec quelque confiance en faveur de l’une plutôt que de l’autre interprétation. Le tubercule qui se montre en réalité sur le sommet de la tête des Buddhas est-il l’effet du rassemblement de la chevelure ou d’une protubérance du

  1. Wilson, Sanscrit Diction. v. Uchṇîcha, 2e édit.
  2. Rgya tch’er rol pa, t. I, p. 98, t. II, p. 107.
  3. A. Rémusat, Mél. asiat. t. I, p. 168.