Page:Champollion - Grammaire égyptienne, 1836.djvu/14

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Pour la scrupuleuse reproduction des exemples, il fallait aussi une main exercée au style des monuments originaux, et un dévouement affectionné à l’ouvrage pour l’amour de l’auteur : un de ses bons compagnons de voyage en Égypte et en Nubie, M. Salvador Cherubini, s’en est chargé avec un empressement trop généreux pour se ralentir. C’est aussi M. Cherubini qui a dirigé l’emploi des sujets dessinés en vignette à la fin de chaque chapitre, et ils sont tous analogues à l’objet de l’ouvrage. Enfin, on n’a hésité sur aucun des sacrifices reconnus nécessaires à la belle exécution de ce volume.

Malgré le rare concours de tant de moyens et de bonnes volontés, on découvrira encore quelques fautes dans ces feuilles ; mais il n’y en a pas d’assez graves pour arrêter ou tromper le lecteur. De celles qui peuvent se trouver dans les textes en caractères égyptiens, les unes, absolument insignifiantes, comme le sont quelques signes retournés, existent dans le manuscrit original, et il n’entrait nullement dans l’intention ni dans les droits de l’éditeur, pas plus que dans les vœux du monde savant, qu’il y fut fait la moindre correction ; quelques autres sont du fait de l’éditeur ou des imprimeurs, mais elles n’affectent jamais, dans un exemple, le groupe particulier, sur lequel repose le précepte auquel cet exemple sert de démonstration. Quant aux fautes des textes en caractères mobiles, nous nous faisons un devoir d’indiquer plus bas les principales.

Nous n’avons rien à dire de l’ouvrage en lui-même, il appartient au public, et il attend un jugement dont la renommée de l’auteur n’aura vraisemblablement rien à redouter. Ce travail, tout d’invention, fut pour lui le sujet d’une prédilection marquée ; il ne négligea rien de ce qui pouvait le rendre en même temps utile à la science, intéressant pour les personnes mêmes qui ne se proposeraient pas de l’étudier à fond, et c’est dans cette double vue qu’il y multiplia les exemples tirés des monuments, afin de répandre un plus grand nombre de notions certaines sur les faits principaux de la civilisation égyptienne. Par ses longues nomenclatures de mots et de noms tirés de tous les ordres d’idées, cette Grammaire servira comme d’Introduction aux études historiques et archéologiques sur l’Égypte, et elle sera ainsi digne du siècle et de l’homme dont elle est l’ouvrage.

Je ne me dissimulais pas combien la publication de cet ouvrage m’engageait, pour les délais, envers le public. Rien n’a été épargné pour ne pas abuser de sa bienveillance ; mon engagement à cet égard était aussi