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des Égyptiens. Sans y réussir complétement, il parvint cependant à réduire la question à ses véritables termes, et, le premier, il soupçonna vaguement l’existence de l’élément phonétique dans le système de l’écriture sacrée, mais sans lui donner aucune extension, et le réduisant à quelques caractères qui procédaient à l’expression des sons par la même méthode que notre jeu d’écriture appelé rébus.

Jugeant avec sévérité et en pleine connaissance de cause tous les traités publiés avant lui sur l’interprétation des inscriptions égyptiennes, Zoëga combattit le préjugé si répandu de l’emploi mystérieux des hiéroglyphes réservé à un petit nombre d’adeptes et destiné à l’unique transmission des secrets du sanctuaire. Le savant archéologue pensait avec raison que cette écriture, celle des monuments publics, connue et pratiquée par la partie éclairée de la nation égyptienne, fut employée à la rédaction habituelle des textes relatifs à toutes les matières, objets spéciaux des sciences sacrées ou profanes. Il croyait toutefois que l’usage d’une telle écriture, nécessitant une certaine connaissance du dessin, ne pouvait, sans de grandes difficultés, s’être introduite dans les masses de la population : cette restriction supposée disparaît aujourd’hui devant l’existence bien prouvée de deux méthodes tachygraphiques employées par les anciens Égyptiens afin de rendre le tracé des caractères hiéroglyphiques aussi facile que rapide.

Zoëga désespéra pour son époque de voir la science de l’archéologie arriver à la connaissance complète du système hiéroglyphique, et il abandonna cette découverte à la postérité. Ce découragement provenait de ce qu’il n’avait pu s’éloigner d’une manière absolue du faux point de vue qui montrait comme caractères purement symboliques la plupart des signes employés par l’écriture sacrée égyptienne, ce qui lui sembla devoir élever des difficultés presque insurmontables, car il supposait par cela même que ces caractères, un peu vagues de leur nature, pouvaient varier de signification, soit employés isolément, soit mis en opposition, soit enfin en se combinant plusieurs ensemble.

Toutefois, traçant une esquisse des travaux à entreprendre pour tenter l’interprétation des textes hiéroglyphiques, il expliqua le non-succès de ses devanciers par la circonstance que tous, dit-il, avaient commencé par où l’on devait naturellement finir. On voulait, en effet, attaquer la difficulté de front, et expliquer de prime abord des inscriptions dont il fallait, avant tout, bien reconnaître les éléments les plus simples. Joignant l’exemple au précepte, Zoëga forma avec soin un tableau de tous les signes hiéroglyphiques existants sur les obélisques ou les mo-