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villes égyptiennes, et on ne les connut bientôt plus parmi eux que sous ces dénominations le plus souvent infidèles.

On doit regarder comme une des causes principales de cette infidélité, les efforts que faisaient les Grecs pour trouver des rapports entre leur religion et celle des autres peuples, et pour en établir entre leurs divinités et celles des nations étrangères. À les en croire, les Babyloniens, les Perses et même les Indiens adoraient Kronos, Zéüs, Athêné, Apollon, Aphrodite[1]. Par une suite du même principe, ils cherchèrent leurs dieux dans la religion égyptienne, et crurent les y reconnaître. Ainsi Athôr des Égyptiens leur parut être leur Aphrodite, Amoun leur Zéüs, Phtha leur Héphaïstos[2], Néith leur Athêné, Hôr (Horus) leur Apollon, Thôouth (Thoth) leur Hermè[3] ; enfin, Isis et Osiris furent pour eux les noms de la lune et du soleil.

Ces observations sont ici de la plus haute importance, parce que c’est d’après ces mêmes principes que les Grecs traduisirent dans leur langue les noms des villes égyptiennes. Quelques-unes d’entr’elles portaient en effet des noms de divinités[4] ou d’animaux

  1. Saturne, Jupiter, Minerve, Apollon, Vénus des Latins.
  2. Vulcain des Latins.
  3. Mercure des Latins.
  4. Nous prions le lecteur de ne pas prendre ce mot dans un sens trop absolu. Nous l’expliquerons dans la partie de cet ouvrage relative à la religion égyptienne.