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Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/36

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Les Romains les adoptèrent ensuite, et comme l’on n’a étudié jusqu’ici l’Égypte que par ces mêmes Grecs et par ces mêmes Romains, les noms que les Indigènes donnaient à leurs villes n’ont pu parvenir jusqu’à nous. Mais lorsque sous le khalifat d’Omar fils de Khatthab, Amrou-ben-Alâs se rendit maître de l’Égypte, la vingtième année de l’hégire[1], les Arabes n’ayant eu que très-peu de rapports avec les Grecs et les Romains, ils laissèrent aux villes les noms égyptiens que les Coptes leur avaient conservés. Ce fut l’analogie de leur prononciation avec celle des Égyptiens qui les leur fit adopter de préférence ; par la même raison, les Romains avaient conservé les dénominations grecques. Outre cela, les Coptes ou les Chrétiens jacobites haïssant les Grecs leurs maîtres, et professant une doctrine différente de celle des Grecs qui étaient melkites, ils facilitèrent beaucoup aux Arabes la conquête de l’Égypte. Amrou reconnaissant, et plus guerrier qu’administrateur, confia aux Coptes le soin de lever les tributs et les impôts qu’il répartit sur toutes les villes de l’Égypte. Les rôles étant faits par des Coptes[2], ils y employèrent les noms égyptiens, et les Arabes les adoptèrent en leur faisant subir cependant quelques légères

  1. Vers l’an 640 de l’ère vulgaire.
  2. Les Coptes remplissent encore ces fonctions en Égypte.