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seconde lettre

du roi Osorchon, était grand prêtre d’Ammon, et selon toute apparence à Thèbes où le papyrus a été trouvé, que les Pharaons n’oubliant point que la monarchie avait été fondée en Égypte sur les ruines du gouvernement théocratique, cherchaient à prévenir toute réaction d’une caste nombreuse et puissante, en confiant les hautes dignités du sacerdoce à des personnes de leur propre famille. Le défunt Osorchon, fils du grand prêtre Scheschonk, était sans doute, suivant la coutume égyptienne, destiné à succéder à son père dans le suprême sacerdoce d’Amon-Ra, la grande divinité de Thèbes, puisqu’à l’époque de sa mort, il était déjà prêtre de ce dieu. Peut-être aussi que le roi Amensé-Péhor[1] que nous avons conjecturalement rangé dans la XXe dynastie, et dont le prénom royal contient exactement le même titre, le grand prêtre d’Ammon, fut un prince d’une autre dynastie, qui, n’étant point appelé directement au trône et se trouvant revêtu du grand sacerdoce d’Ammon, dut ensuite le sceptre à des évènements imprévus. Il demeure certain toutefois, que l’opinion de la plupart de nos écrivains modernes, qui nous représentent toujours l’Égypte courbée sous le joug sacerdotal, et les Pharaons esclaves des pontifes, mérite encore un sérieux examen avant que d’être définitivement adoptée.

  1. Supra, page 113.