Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/200

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Les rochers sur la route de Philae à Syène, et que j’ai explorés le 7 février, en portent aussi un très-grand nombre, adressés aux mêmes divinités : j’y ai aussi copié des inscriptions et des sculptures représentant des princes éthiopiens rendant hommage à Rhamsès-le-Grand ou à son grand-père (Mandoueï) ; ce sont les mêmes dont j’ai trouvé de semblables monuments en Nubie.

Je rentrai enfin à Syène, que j’avais quittée en décembre. En attendant que nos bagages arrivassent de Philæ à dos de chameau, et qu’on disposât notre nouvelle escadre égyptienne (car nous avons laissé les barques nubiennes à la cataracte, qu’elles ne peuvent franchir), je revis les débris du temple de Syène, consacré à Chnouphis et à Saté, sous l’empereur Nerva ; c’est un monument de l’extrême décadence de l’art en Égypte ; il m’a intéressé toutefois, 1o parce que c’est le seul qui porte la légende hiéroglyphique de Nerva ; 2o parce qu’il m’a fait connaître le nom hiéroglyphique-phonétique de Syène, Souan, qui est le nom copte Souan, et l’origine du Syéné des Grecs et de l’Osouan des Arabes ; 3o enfin, parce que le nom symbolique de cette même ville, représentant un aplomb d’architecte ou de maçon, fait, sans aucun doute, allusion à l’antique position de Syène sous le tropique du Cancer, et à ce fameux puits dans lequel les rayons