Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

figure d’habitude le souverain régnant à l’époque même où l’on sculptait ces bas-reliefs ; cet usage, disons-nous, a tourné bien heureusement au profit de l’histoire, puisqu’il a conservé jusqu’à nos jours un immense trésor de notions positives qu’on chercherait inutilement ailleurs. On peut dire, en toute vérité, que, grâces à ces bas-reliefs et aux nombreuses inscriptions qui les accompagnent, chaque monument de l’Égypte s’explique par lui-même, et devient, si l’on peut s’exprimer ainsi, son propre interprète. Il suffit, en effet, d’étudier quelques instants les sculptures qui ornent le sanctuaire de l’édifice situé à côté de l’enceinte de Médinet-Habou, la seule portion du monument véritablement terminée, pour se convaincre aussitôt qu’on se trouve dans un temple consacré au dieu Thoth, construit sous le règne d’Évergète II, et de sa sœur et première femme Cléopâtre, mais dont les sculptures ont été terminées postérieurement à l’époque du mariage d’Évergète II avec Cléopâtre, sa nièce et sa seconde femme, mentionnée dans les légendes royales qui décorent le plafond du sanctuaire.

Le style mou et lourd des bas-reliefs, la grossièreté d’exécution des hiéroglyphes, et le peu de soin donné à l’application des couleurs sur les sculptures, s’accordent trop bien avec les