Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/373

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tout autre de ses nombreux homophones, puisque le dieu Chnoubis était ordinairement représenté avec un vase de terre à ses pieds, vase dont il aurait créé l’homme, si l’on adoptait certaines corrections dans le passage d’Eusèbe, qui n’est pas fort clair quant à la destination du vase seulement.

Le lion, signe tropique de la force et du courage, dans l’idée de tous les peuples qui ont connu ce superbe quadrupède, se montre dans les noms et les titres des Lagides et des souverains de race romaine, pour y exprimer les consonnes A ou P.

Dans les cartouches de Tibère-Claude, sculptés sur le portique d’Esné consacré au dieu Ammon-Chnoubis, le B du mot Tibère est rendu par le bélier, animal qui est le symbole propre du dieu principal du temple ; tandis que le Β de ce même nom propre Tibère est exprimé par des signes tout différens dans les sculptures du temple de Dendéra, consacré à Athôr, la Vénus égyptienne. D’un autre côté, l’articulation B du titre Σεβαστός, c’est-à-dire, auguste, vénérable, adorable, est ordinairement rendue, dans la transcription hiéroglyphique, par la cassolette ou encensoir, instrument d’adoration. J’ajoute enfin que, dans beaucoup, de noms et de titres impériaux romains, la voyelle A est exprimée par l’aigle (ⲁϧⲱⲙ Akhôm), symbole connu de la puissance romaine.

Ces exemples doivent donner une idée suffisante du procédé que les Égyptiens ont pu suivre à cet égard : ils surent ainsi tirer un parti ingénieux de