Page:Charles Garnier - Monographie de l'Observatoire de Nice.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
OBSERVATOIRE DE NICE

d’autres édicules ou d’autres édifices ; car un observatoire n’est jamais complet et les progrès de la science amènent incessamment à de nouvelles installations ; mais ces progrès scientifiques se lasseront avant M. Bischoffsheim, qui ne voulant pas que sa création soit imparfaite poursuit chaque jour l’œuvre qui lui fait si grand honneur.

Voilà donc la désignation sommaire de tous les bâtiments élevés sur le Mont Gros. Cette nomenclature paraît un peu désordonnée et on pourrait croire, même en examinant le plan d’ensemble, que tous ces bâtiments ont été semés au hasard ; il n’en est rien pourtant ; les emplacements ont été étudiés avec le plus grand soin et la plus grande conscience, et l’on peut affirmer que, tenant compte de l’orientation du plateau et de la forme du terrain, les dispositions adoptées sont aussi parfaites que possible. Il va sans dire que ce n’est pas à l’architecte que revient le mérite d’un tel résultat ; ce sont les avis des hommes compétents qui ont prévalu dans le parti adopté, et, même lorsque les désirs exprimés ne pouvaient avoir une solution pratique, ils indiquaient au moins le but et, par cela même, rendaient plus facile la tâche de l’architecte et des constructeurs.

C’est ainsi que chaque emplacement a été longuement discuté, chaque dimension indiquée, chaque niveau établi, et que toutes les questions ont été soumises à un minutieux examen. Il suffit du reste de citer les noms des éminents savants qui ont apporté leur précieuse collaboration pour montrer combien M. Bischoffsheim avait à cœur d’être utile à la science et de doter la France d’un établissement de premier ordre. Ainsi, parmi ces savants, qui venaient apporter le secours de leur talent, il faut citer M. Loëwy, dont l’opinion fait loi dans les questions astronomiques et qui a tracé le programme général avec une admirable clarté ; M. le général Perrier, que la mort a trop tôt appelé et dont l’affabilité et le dévouement égalaient la haute compétence ; le colonel Wagner décédé aussi, et qui, habitant Nice depuis de longues années, a donné des conseils pratiques de la plus grande importance ; M. Tholon (encore un qui n’est plus !) M. Tholon l’observateur si remarquable des raies solaires ; M. Mascart dont chacun admire le savoir et la lucidité d’esprit ; puis MM. Cornu et Marcel Deprez ces éminentes personnalités ; puis, naturellement, M. Perrotin, alors directeur futur, aujourd’hui le directeur si méritant de l’observatoire de Nice qui, devant, en somme, être le plus intéressé aux dispositions adoptées, suivait avec une persistante attention les délibérations journalières, comme il a suivi plus tard les opérations de construction en ce qui se rapportait aux éléments scientifiques. Citons enfin M. Faye, le grand savant, dont le nom signifie science, talent, esprit et bienveillance, et qui a pris sous son efficace protection, la fondation du nouvel établissement, prévoyant bien que celui-ci deviendrait une richesse nationale, grâce aux ressources dont on pouvait disposer.

Il ne faudrait pas croire néanmoins que la libéralité du fondateur de l’œuvre ait conduit à rechercher la prodigalité ; loin de là ; le devoir de chacun était au contraire de ne pas se laisser entraîner et nous savions tous qu’un observatoire ne peut avoir le luxe