Aller au contenu

Page:Chopin et Sand - Lettres, éd. Sydow, Colfs-Chainaye et Chainaye.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

inhumé à Paris. Une messe funèbre a été célébrée ici ; à la demande de la famille, j’ai joué l’Élévation.[1] [Clara] Wiek a-t-elle bien joué mon étude ? Pourquoi a-t-elle choisi justement celle-là, moins intéressante pour ceux ignorant qu’elle est écrite pour les touches noires.[2] Que ne s’est-elle tenue tranquille ! Je n’ai plus rien d’autre à te dire sinon que je te souhaite le plus de bonheur possible. Veille à ce que mes manuscrits ne soient pas imprimés avant même d’avoir été remis. Si les Préludes sont déjà publiés, c’est un mauvais tour de Probst.[3] Mais assez de ces saletés et lorsque je reviendrai je serai plus pratsi pratzu[4] avec eux. Canailles d’Allemands, juifs, coquins, crapules, écorcheurs, etc., etc. Achève cette litanie car, à présent, tu les connais comme moi.

Ton
Ch.


Jeudi, 25 de ce mois 1839.
Embrasse Jeannot, et Grzymala aussi si tu le vois.

  1. Cette messe fut célébrée à Notre-Dame du Mont, à Marseille. Chopin joua « les Astres » de Schubert, un des airs favoris d’Adolphe Nourrit. Les orgues de la petite église étaient détestables, l’improvisation de Chopin n’en fut pas moins émouvante.
  2. L’étude no 5 en sol bémol majeur, op. 10.
  3. Il est probable que Probst n’avait pas tenu compte des instructions de Chopin. Celui-ci désirait, que les Préludes fussent, ainsi que toutes ses autres œuvres, publiés simultanément en France, en Angleterre et en Allemagne. Avant la publication des Préludes en France, il demanda que l’édition allemande paraisse sans dédicace. Il semble bien que cette édition était déjà faite à ce moment : elle porte en effet la dédicace à J. C. Kessler que Chopin avait demandé de n’y pas faire figurer.
  4. « bras-dessus, bras-dessous » écrit phonétiquement à la polonaise.