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Napoléon, et le plus brave de ses généraux, celui qu’il avait surnommé le Lion de l’armée, pût jamais se résoudre à mettre la main sur l’empereur et à en faire son prisonnier : je rêvais à cela jour et nuit ; et mon anxiété fut très-grande jusqu’au moment où j’appris qu’à la vue de l’empereur, le 14e avait mis les shakos au bout des baïonnettes, en poussant des cris répétés de : Vive l’empereur ! puis que, faisant demi-tour, il avait formé immédiatement l’avant-garde de son armée.

Le maréchal avait suivi la même impulsion irrésistible et repris sa haute place auprès de Napoléon.

Peu de jours après cette rencontre et cette conversion, le 14e de ligne, c’est-à-dire l’avant-garde de l’armée impériale, rentrait à Auxerre et s’installait à l’Hôtel-de-Ville. Partout la cocarde blanche disparaissait ; on la remplaçait par la cocarde tricolore. Ce pauvre commissaire de police, qui avait fait l’avant-veille tant de zèle pour publier l’arrestation de Bonaparte, fut forcé de publier aux flambeaux une nouvelle proclamation qui se terminait par le cri de : Vive l’empereur ! À Auxerre, on rit beaucoup de cette petite aventure.

Enfin, après un an de souffrance, de compression et de silence forcé je pouvais donc me dilater la rate ; j’en usai tout à mon aise.

Le lendemain, la population se porta toute entière sur la route de Saint-Bris au-devant de Napoléon, dont la