Page:Collectif - Revue canadienne, Tome 1 Vol 17, 1881.djvu/139

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fondé, mais par toutes les sociétés secrètes alors existantes. Il voulait en faire l’instrument d’une révolution universelle. Un auteur non suspect de partialité religieuse, le franc-maçon Louis Blanc, dans son Histoire de la Révolution expose ainsi le plan de Weishaupt :

« Par le seul attrait du mystère, par la seule puissance de l’association, soumettre à une même volonté et animer d’un même souffle des milliers d’hommes, pris dans chaque contrée du monde, mais d’abord en Allemagne et en France ; faire de ces hommes, au moyen d’une éducation lente et graduée, des êtres entièrement nouveaux ; les rendre obéissants jusqu’au délire, jusqu’à la mort, à des chefs invisibles et ignorés ; avec une légion pareille peser secrètement sur les cœurs, envelopper les souverains, diriger à leur insu les gouvernements et mener l’Europe à ce point que toute superstition fût anéantie, toute monarchie abattue, tout privilége de naissance déclaré injuste, le droit même de propriété aboli : tel fut le plan gigantesque du fondateur de l’Illuminisme, Weishaupt. »

En 1781, un convent général de toutes les sociétés secrètes fut convoqué à Wilhemsbad, dans le Hanau. Weishaupt y envoya deux de ses disciples qui réussirent, sinon à faire adopter par le congrès les principes de l’illuminisme, du moins à obtenir des mesures qui devaient amener infailliblement ce résultat, dans un avenir prochain. Ce qu’ils firent connaître du système de Weishaupt séduisit les députés des autres sectes qui s’empressent de se faire initier à ces nouveaux mystères. L’effet de cette initiation ne tarda pas à se faire sentir. Toutes les loges furent désormais ouvertes aux illuminés, et leurs propres loges se multiplièrent et s’étendirent dans tous les pays.

III

LE COMPLOT RÉVOLUTIONNAIRE.

En France, l’illuminisme de St Martin avait préparé les sociétés maçonniques à recevoir les idées de Weishaupt. Ce