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POÉSIES DE NAPOL.

vers et de tout combiner pour l’edet, et le son, et la figure, et le rhythme, et la coupe, et la place et l’enjambement. L’atteindre ainsi du premier coup et dans sa perfection était certes la preuve d’un talent Bt d’une intelligence peu ordinaires ; et c’est pourquoi nous avons tenu à recueillir, parmi les chefs-d’œuvre de cette époque, cette épave d’un poëte qui ne vivait plus, depuis longtemps, que dans la mémoire des Dilettantes.

Et maintenant, qui était ce poëte singulier, h l’œuvre singulière, qui se retirait de la lice après cet unique coup de lance si heureusement donné ? Quel nom se cachait sous la signature si évidemment pseudonymique de Napol le Pyrénéen ? Nous l’avons longtemps cherché, et il y a un mois encore nous n’aurions pu le dire. Un renseignement fallacieux que notre zèle s’était trop empressé d’accueillir nous avait même quelque temps induit à prendre pour le poëte que nous admirions un certain Xavier Navarrot, né à Pau, et que l’on vit à Paris après 1830 faisant le coup de feu dans les journaux libéraux. Enfin un article de W. Paul Boiteau, dans le numéro du 5 juillet de la Revue de Vinslruction publique, a tout d’un coup levé tous les doutes en présentant comme l’aulour de Rolland M. Napoléon Peyrat, pasteur protestant, ancien ami de Déranger et de Lamennais, et qui vient de publier un volume de souvenirs sur ces deux iJlustres amis *. M. Paul Boiteau ne nous donne que peu de détails sur la vie du poëte, qui s’est tu de bonne heure dans la solitude et dans l’exercice du ministère évangélique. Nous savons cependant, grâce à lui, que A^apoi le Pyrénéen vit encore dans un village avoisinant Saint-Germain ; que, venu tout jeune à Paris, au lendemain de la Révolution de juillet, il essaya d’abord de se faire journaliste, et dut ensuite se vouer à l’enseignement particulier. 11 fit sa première éducation dans la famille de M. Ferdinand Denis. « La maison était littéraire et le précepteur y put rester poëte : il chantait alors la nature et les héros de ses montagnes… » Que sont-ils devenus, ces chants ? L’auteur entré, nous dit-on, a dans la vie d’ombre et d’humilité, » et qui un jour se sevra comme d’un plaisir trxjp enivrant du commerce de ses amis illustres, les a-t-il aussi sacrifiés à ce besoin d’oubli et d’obscurité ? C’est là un fait qu’il serait utile de vérifier et dont la vérification incombe, ce nous semble, à ftl. Paul Boiteau, l’historien du groupe. S’il par-

1 BÉRANGER ET LAMENNAIS. Correspoiidance, Entretiens el Souïe ; iiij. Paris, Ch. Meyrueis, 1862. V. Revue de l’instruction publique.