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Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/21

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Ton fils dont je suis fils, était mort loin de toi.
Dans ce vaste Paris que n’aiment pas les mères…
Tu souriais pourtant à mes jeunes chimères,
Homme de peu, d’étude et de beaucoup de foi.

Tu toléras, ami d’une douceur parfaite,
Mon caprice d’enfant d’abord, l’autre plus tard,
Et je te vois sourire à mes vers, beau vieillard,
Dont le fils était mort, un peu d’être poète !

Oui, lorsqu’au lieu d’amour la Muse en moi parla,
Un sourire attristé vint éclairer ta bouche ;
Et tu disais, avec le ton simple et qui touche,
« Il n’y a rien à dire !… Où prend-il tout cela ? »

… Grand’père, tout cela, quelle qu’en soit la gloire,
Je l’ai pris à toi-même, à ta simplicité,
Au vieux air que tu m’as, le soir, cent fois chanté,
Au ton dont tu disais ta plus naïve histoire.

Je l’ai pris dans tes bras, dans ton cœur, dans ta main,
Dans l’oubli des cités où sont les choses laides,
Dans la vieille maison, seule au fond des pinèdes,
Et dont je ne veux pas oublier le chemin.

Tu fis mon œuvre simple, et ma voix attendrie,
Et je rapporte à toi ce qui vient de toi seul…
… C’est à vous que je parle, ossements de l’Aïeul,
Poussière de la mort, terre de la patrie !

(Le dieu dans l’homme)

La Cigale.

Je suis le noble insecte insouciant qui chante,
Au solstice d’été, dès l’aurore éclatante,
Dans les pins odorants, mon chant toujours pareil
Comme le cours égal des ans et du soleil.