Aller au contenu

Page:Delvau - Gérard de Nerval, 1865.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

120
GÉRARD DE NERVAL

et acceptait. Et, à la fin ou au milieu de ce repas cordial, il prononçait un speech dans lequel, après avoir remercié de nouveau ses généreux amphitryons, il leur déclarait que, quoique partisan du Bœuf Gras, il partageait cependant les doctrines des Pythagoriciens ; qu’en conséquence il croyait fermement que les âmes humaines habitaient les corps des animaux ; que notamment celles des bouchers devaient avoir choisi de préférence les bœufs, gras ou non, les moutons et autres bêtes à cornes ; qu’à cause de cela, la mort violente du Bœuf Gras ne ressemblait à rien moins, pour lui, qu’à un assassinat, celui de quelque boucher d’autrefois, et qu’il était heureux de l’occasion que lui fournissait cette mascarade fraternelle pour exprimer le vœu qu’on renonçât désormais à abattre les pauvres animaux et qu’on remplaçât à l’avenir le traditionnel Bœuf Gras par un Haricot Gras, moins imposant assurément comme Dieu, mais aussi poussant moins au remords.