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Page:Des Ombiaux - La Ronde du Trouvère, 1893.djvu/46

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Et tout saignant mon cœur écoute
Goutte à goutte tomber les heures.

Il se souvient du temps très lointain
Des aurores roses et des flots chanteurs
Et des rives bordées de fleurs
Et de soleil il se souvient.

Il se souvient des filles aux voix d’or
Aux longs ondulements dans l’onde amoureuse
Qui frôlait de caresses langoureuses
Les beaux corps veloutés d’un duvet d’or.

Il se souvient des frêles châtelaines,
Parmi les nénuphars mirant leurs grands yeux purs
Dans le cristal fleuri des fontaines,
Étoiles oubliées par la Nuit dans l’azur.

Oh ! vers quel pays de lumière ivre
Mon cœur cinglerait, vieux navire sans mât ;
Vers quel là-bas, mon cœur, vers quel là-bas
Se traîner et quelle demeure où vivre !

Mais les heures tombent sur mon cœur,
Le venin coule goutte à goutte,