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Page:Desbordes-Valmore - Élégies et poésies nouvelles, 1825.pdf/235

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DIVERSES.

Il est doux, en passant un moment sur la terre,
D’effleurer les sentiers où le sage est venu ;
D’entretenir tout bas son malheur solitaire,
Des discours d’un ami qu’on pense avoir connu.
Ainsi, comme une fleur pour l’avenir semée,
Ô Montesquieu ! ta grâce a consolé mon sort,
Et je garde en mon âme, à jamais imprimée,
Cette plainte où ton âme a coulé sans effort :
« Puisque je suis heureux, qu’importe que je pleure ! »
Dans mon ravissement je l’ai dit tout à l’heure.
Hélas ! je vis d’aimer, il me faut donc souffrir :
J’y consens, je suis faible et ne veux point haïr,
Je ne veux pas des maux que la sagesse ignore :
Trahie et sans espoir, je me tais, j’aime encore ;
Je n’use point ma vie en longs ressentimens :
Si l’amour a des pleurs, la haine à des tourmens.