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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/220

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194 OEuvREs DE Descartes. 251-253.

le mefme lieu où le pain & le vin exilloyent auparauant (ou plutoll, d'autant que leurs termes font continuellement agitez, dans lequel ils exilleroyent s'ils eltoyent prefens), il s'enfuit necell'airement que cette nouuelle fubftance doit mouuoir tous nos fens de la mefme façon que feroient le pain & le vin, fi aucune tranfubftantiation n'auoit eflé faite.

Orl'Eglife nous enfeigne, dans le Concile de l'rente, fedion i3, can. 2 & 4, qu'il fe fait vne conuerfton de toute la fubjïance du pain en la fubftance du Corps de nojlre Seigneur lefus-ChriJl, demeurant feulement l'efpece du pain. Où ie ne voy pas ce que l'on peut en- tendre par l'efpece du pain, fi ce n'eft cette fuperficie qui eft moyenne entre chacune de fes petites parties & les corps qui les enuironnent.

Car, comme il a défia efté dit, le contact fe fait en cette feule fuperficie; & Ariltote mefme confefle que, non feulement ce fens que par priuilege fpecial on nomme V attouchement, mais aufli tous les autres ne fentent que par le moyen de l'atouchement. C'cft dans le liure 3 de l'Ame, chap. i3, où font ces mots : y.y.i '.i d)ly. yh^r-mia.

334 I Or il n'y a perfonne qui penfe que par l'efpece | on entende autre choie que ce qui elt precifement requis pour toucher les fens. Et il n'y a auffi perfonne qui croye la conuerfion du pain au Corps de Christ, qui ne pense que ce Corps de Christ eft precisement contenu sous la mesme superficie fous qui le pain feroit contenu s'il eitoit present, quoy que neantmoins il ne foit pas là comme proprement dans vn lieu, mais sacramentellement, & de cette manière d'exifter, laquelle, quoy que nous ne puissions qu'à peine exprimer par pa- roles, après neantmoins que nostre esprit eft éclairé des lumières de la foy, nous pouuons conceuoir comme possible à vn Dieu, & la- quelle nous fommes obligez de croire tres-fermemen\ Toutes lesquelles choses me semblent estre si commodément expliquées par mes principes, que non seulement ie ne crains pas d'auoir rien dit icy qui puisse offenser nos Théologiens, qu'au contraire i'espere qu'ils me fçauront gré de ce que les opinions que ie propofe dans la Physique font telles, qu'elles conuiennent beaucoup mieux auec la Théologie, que celles qu'on y propose d'ordinaire. Car, de vray, l'Eglise n'a iamais enseigne (au moins que ie sçache) que les especes du pain & du vin, qui demeurent au Sacrement de l'Eucharistie, soient des accidents réels qui subsistent miraculeusement tous seuls, après que la substance à laquelle ils estoient attachez a esté oftée.

Mais peut-estre à cause que les premiers Théologiens qui ont entrepris d'ajufter cette question auec | la Philosophie naturelle | fe

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