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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/375

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Principes. — Seconde Partie. 77

��26. Qu'il n'ejî pas requis plus d'aâion pour le mouuement que pour le repos.

Et d'autant. que nous nous trompons ordinairement, en ce que nous penfons qu'il faut plus d'aflion pour le mouuement que poul- ie repos, nous remarquerons icy que nous femmes tombez en cet erreur dés le commencement de noltre vie, pource que nous re- muons ordinairement noftre corps félon noftre volonté, dont nous auons vite coiuioilfance intérieure ; & qu'il cil en repos, de cela feul qu'il eft attaché à la terre par la pefanteur, dont nous ne feu- lons point la force. Et comme cette pefanteur, & plufieurs autres caufes que nous n'auons pas couftume d'apperceuoir, refiftent au mouuement de nos membres, & font que nous nous laflbns, il nous a femblé qu'il falloit vne force | plus grande & plus d'a6tion pour 84 produire vn mouuement que pour l'arrefter, à caufe que nous auons pris ra(^ion pour l'effort qu'il faut que nous facions, afin de mou- uoir nos membres & les autres corps par leur entremife. Mais nous n'aurons point de peine à nous defliurer de cq faux préjugé, û nous remarquons que nous ne faifons pas feulement quelque effort pour mouuoir les corps qui font proches de nous, mais que nous en fai- fons auifi pour arreiter leurs mouuemens, lors qu'ils ne font point amortis... par quelque autre caufe. De forte que nous n'employons pas plus d'action, pour faire aller, par exemple, vn hatteau qui eil en repos dans vne eau calme & qui n'a point de cours, que pour l'arreller tout à coup pendant qu'il fe meut '. . . F.t fi l'experieuce uotts fait voir en ce cas qu'il eu faut quelque peu motus pour l'arrefler que pour le faire aller, c'eft à caufe que la pefanteur de l'eau qu'il foûleue lors qu'il fe meut, & fa lenteur" [car je la fuppofe calme & comme dormante) diminuent peu à peu fon mouuement,

27. Que le mouuement & le repos ne font rien que deux diuerf es façons dans le corps où ilsfe trouuent.

Mais pource qu'il ne s'agit pas icy de l'adion qui eft en celuy qui meut ou qui arrelfe le mouuement, & que nous confiderons prin-

a. Note en marge de notre exemplaire annoté : « add. », II n'y a pas seulement d'ailleurs « additions n, mais aussi quelques omissions par rap- port au texte latin.

b. « Lentor », du texte latin, signifie viscosité. — Voir aussi Correspon- dance, t. V, p. 1C8 et 384.

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