Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/399

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Principes. — Seconde Partie. ioi

repos les vnes contre les autres, ainji qu'il a ejlé tantojl dit', & qu'il Ibit vray aufli qu'vn corps qui (c mem, qiioy que lentement, a touf-jours allez de force pour en mouuoir vn autre plus petit qui eft en repos, ainJi qu'enfeigne celte cinquième 7-egle : on peut deman- der pourquoy... nous ne pouuons, auec la feule force de nos mains, rompre vn clou ou vn autre morceau de fer qui eft plus petit qu'elles..., d'autant que chacune des moitiez de ce clou peut eftre prife pour vn corps qui eji en repos contre fon autre moitié, & qui doit, ce femble, en pouuoir eftre feparé par la force de nos mains, puis qu'il n'eft pas fi grand qu'elles, £■ que la nature du mouuemeut confijle en ce que le corps qu'on ditfe mouuoir, ejl \ feparé des autres 122 coips qui le touchent. Mais il faut remarquerque nos mains font fort molles, c'eft à dire qu'elles participent dauantage de la nature des corps liquides que des corps durs, ce qui eft caufe que toutes les parties dont elles font compofées, n'agilîent pas enfemble contre le corps que nous voulons feparer, & qu'il n'y a que celles qui, en le touchant, s'appuyent conjointement fur luy. Car, comme la moitié d'vn clou peut eftre prife pour vn corps, à caufe qu'on la peut feparer de fon autre moitié : de mefme la partie de noftre main qui touche cette moitié de clou, & qui eft beaucoup plus petite que la main entière, peut eftre prife pour vn autre corps, à caufe qu'elle peut eftre feparée des autres parties qui compofent cette main ; & pource qu'elle peut eftre feparée plus aifement du refte de la main, qu'vne autre partie de clou du refte du clou, & que nous fentons de la douleur, lors qu'vne telle feparation arriue aux parties de noftre corps, nous ne fçaurions rompre vn clou auec nos mains ; mais, fi nous prenons vn marteau, ou vne lime, ou des cifeaux, ou quelque autre tel inftrument, & nous en feruons en telle forte que nous appliquions la force de noftre main contre la partie du corps que nous voulons diuifer, qui doit eftre plus petite que la partie de l'inftrument que nous appliquons con|tr'elle, nous pourrons venir 123 à bout de la dureté de ce corps, bien qu'elle foit fort grande.

64. Que je ne reçois point de principes en Phyjique, qui ne Joient aiiffi receus en Mathématique, afin de pouuoir prouuer par demonfiration tout ce que j'en deduiray; & que ces principes fuffifent, d'autant que tous les Phainomenes de la nature peuuent efire explique^ par leur moyen.

le n'adjoufte rien icy touchant les figures, ni comment de leurs diuerfitez infinies il arriue, dans les mouuemens, des diuerfitez

a. Art. 55, p. 94.

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