Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, VI.djvu/16

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nous suivrions scrupuleusement les éditions parues du vivant de l’auteur, et dont lui-même a corrigé le texte, lorsqu’on l’imprimait.

Nous n’avons nullement varié sur le principe ; nous considérons, au contraire, de plus en plus comme important de restituer aux écrits de Descartes la physionomie orthographique qui les a caractérisés.

En particulier, les singularités qu’offrait à cet égard le ’Discours de la Méthode, ne pouvaient manquer d’influer sur les lecteurs, surtout sur ceux pour qui il devint un livre de chevet. Cette influence, dont il serait aisé de fournir des exemples, se décèle, il est vrai, beaucoup plus dans les autographes du temps que dans les ouvrages imprimés. Mais elle persista longtemps et n’est point historiquement négligeable, ce qui serait un motif suffisant pour la fidèle reproduction du volume de 1637.

Cependant procéder en cette matière « comme en diplomatique » eût été, à l’égard de Descartes, une trahison d’autant plus flagrante qu’il a lui-même signalé, à propos de l'errata (voir ci-après, p. 514, note) que nombre de fautes restaient à corriger et que les distinctions (signes de ponctuation) laissaient souvent à désirer. L’édition de Jan Maire est d’ailleurs incontestablement très incorrecte au point de vue typographique : en particulier, l’orthographe d’un même mot et l’accentuation surtout sont singulièrement inconstantes.

L’excuse présentée par Descartes, à savoir que le compositeur n’entendait pas un mot de français, signifie toutefois seulement que l’auteur n’a pas trouvé, à Leyde, le précieux concours que prêtent d’ordinaire les protes et les tierceurs pour assurer la régularité de l’orthographe et pour faire disparaître les incorrections grammaticales ; car, plus le compositeur était ignorant du français, plus il a dû s’efforcer de suivre fidèlement la copie. Il faudrait donc pouvoir faire un départ entre les véritables fautes d’impression et les incorrections du manuscrit.

Or si, dans nombre de cas, la distinction est aisée à faire,