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Les Météores - Discours I.

beaucoup moins les unes que les autres, et que les plus grosses, ou, pour mieux parler, les moins petites, ont toujours le plus de force, ainsi que généralement tous les grands corps en ont plus que les moindres, quand ils sont autant ébranlés. Ce qui fait que moins cette matière est subtile, c’est-à-dire composée de parties moins petites, plus elle peut agiter les parties des autres corps ; et ceci fait aussi qu’elle est ordinairement le moins subtile aux lieux et aux temps où elle est le plus agitée, comme vers la superficie de la terre que vers les nues, et sous l’équateur que sous les


Pôles, & en efté qu’en hyuer, & de iour que de nuit. Dont la raifon eft que les plus grofles de fes parties. ayant le plus de force, peuuent le mieux aller vers i5 les lieux où, l’agitation eftant plus grande, il leur eft plus ayfé de continuer leur mouuement. Toutefois, il y en a toufiours quantité de fort petites qui fe coulent parmi ces plus grofles. Et il eft a remarquer que tous les cors terreftres ont bien des pores, par où »6 ces plus petites peuuent pafler, mais qu’il y en a plu- fieurs qui les ont fi eftroits, ou tellement difpofés, qu’ils ne reçoiuent point les plus grofles; & que ce font ordinairement ceux cy qui fe fentent les plus froids quand on les touche, ou feulement quand on

  • S s’en approche. Comme, d’autant que les marbres &

les metaus fe fentent plus froids que le bois, on doit penfer que leurs pores ne reçoiuent pas fi facilement les parties fubtiles de cete matière, & que les pores de la glace les reçoiuent encore moins facilement o que ceux des marbres ou des metaus, d’autant qu’elle eft encore plus froide. Car ie fuppofe icy que, pour