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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/229

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précédents, iii, iv, v et vi. Pour savoir ce qu’on peut ajouter à notre vue par artifice, il faut connaître d’abord les organes dont nous a pourvus la nature. Et Descartes examine successivement — l’œil, organe extérieur ; — puis ce qu’il appelle les organes intérieurs qui servent au sens de la vue, c’est-à-dire les nerfs et le cerveau ; — puis les images qui viennent se peindre au fond de l’œil ; — enfin la vision elle-même. Mais avant tout il avait exposé les principes, dans une sorte d’introduction : — chapitre ii, lois de la réfraction ; — chapitre i, nature de la lumière.

Descartes ne pouvait choisir un meilleur exemple, et plus démonstratif, des idées qui lui étaient chères : il montrait dans un même sujet l’union de la géométrie et de la physique, l’union aussi de la spéculation et de la pratique, de la science des philosophes et de l’industrie des artisans. Cette machine à tailler des verres en hyperbole était l’application d’une découverte scientifique ; or, dans sa pensée, toutes les découvertes doivent aboutir ainsi à des inventions utiles. Et l’on ne saurait dire laquelle de ces trois choses le satisfaisait davantage : sa machine elle-même, sa loi des réfractions, ou l’étude des sections de cône par lesquelles les réfractions s’expliquent géométriquement.

Selon ce principe, que l’art doit toujours chercher ses règles dans la nature, et que les organes naturels doivent être les modèles des organes artificiels. Descartes étudie la structure de l’œil et le mécanisme de la vision. Il avait en cela des prédécesseurs : Jean Tarde, en France, dans son Telescopium[1], et Scheiner, en Allemagne ou plutôt en

  1. Teleſcopium. ſeu Demonſtrationes Opticæ, quibus docetur qua ratione perſpicilla nuper inuenta ſpecies viſibilium admoueant & augeant, oculoſque iuuent ad remota diſtinctè videnda. (Seconde partie de l’ouvrage intitulé : Borbonia Sidera. Parisiis, apud Ioannem Gesselin, M.DC.XX. Privilège : 8 juin 1620.) L’auteur, Jean Tarde, traduisit lui-même en français son ouvrage. La traduction parut en 1623. A la fin, Tarde se demande comment on est parvenu à l’invention du télescope ; il refuse de croire qu’elle soit due au hasard et propose deux explications,