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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/111

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l’installation dans le bois

te la rivière pleine à déborder des billots coupés, bobbés et drivés par François Gaudreau et ses quatre fils…

— Oui, n’est-ce pas, les enfants ?

— Oh ! ça, ça, oui, papa : c’est juré.

— Tope-là !

— Tope-là !

On s’y mit.

Que ce fut joyeux tous les jours : n’en croyez ; rien. Il vint la fatigue, les grosses bordées de neige, les poudreries qui vous aveuglent et vous étouffent, et les froids de 40 degrés et plus, quand siffle, mord et pince l’âpre vent boréal ; et la monotonie d’un même labeur, chaque même jour, des semaines, des mois… Lui, jetait bas les arbres, Théodule et François sciaient les troncs en longueurs, ébranchaient quand il était nécessaire ; Aimé charroyait sur un « Bobb » traîné par la Grise, tous ces billots, en tas énormes, sur le bord de la rivière ; Eugène faisait le ménage, et, dans ses loisirs d’intérieur pauvre et frugal, rejoignait au bois toujours plus reculé son père et ses trois frères.

Rude besogne !… Mais ça marchait. Dame, quand il s’y mettait, François Gaudreau, le papa, un fier homme ! Et ses petits tenaient de race… Oui, vraiment, on parlait de leur chantier…