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le p’tit gars du colon

ses broussailles, et qu’on l’aide à donner la moisson ; la voix mystérieuse d’une terre inconnue qui deviendra village nouveau, région fertile et peuplée grâce, peut-être, au magnanime dévouement d’un premier colon.

Sera-ce, pour Mistassini, notre petit François ?…

« Ma tante Perron » comme il l’appellera, qui ne connaît rien de l’avenir, mais que la Providence, sollicitée par la maman du ciel pour son petit poussin, va rendre toute maternelle, tante Perron, la bonne hôtesse, formera l’enfant pour sa destinée future.

Il a douze ans, l’esprit droit, le jugement pratique, un beau courage au cœur, un désir inné d’utiliser vaillamment ses forces croissantes.

Et la terre cultivée, soignée, chérie fidèlement, la terre généreuse qui donne le beau froment, un grain riche et nourrissant pour une goutte de sueur, la paix du cœur pour chaque fatigue des bras… la terre chante mélodieusement son cantique du renouveau ; la terre ensorceleuse fascine le p’tit gars.

Elle le fit dès le premier soir ; elle guette son réveil très hâtif. Car, écoutez ceci : petit François, capté par le bel Angelus sonnant son arrivée, ne put s’endormir avant pacte formel et précis : « Je veux entendre, bien éveillé, demain matin, la cloche de Saint-Méthode. »