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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/23

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autour d’un berceau

tit garçon ? » il répond délicieusement, avançant en rond ses menues lèvres, s’enflant la gorge et roucoulant : « Dudule »…

Quand on ne lui plaît pas, il se tait. On a des principes…

Aimé, c’est un noiraud, vrai jeune campagnard épris du grand air vif, tout basané des brûlants soleils d’été, quand les rayons grillent la peau, et des soleils d’hiver, lorsque la neige les reflète et hâle le visage.

S’il y avait des poches à ses culottes déjà trop courtes, il fourrerait là-dedans ses deux mains, comme font les grands hommes : il a bien vu.

Maintenant, il les tient croisées derrière le dos : c’est encore une pose de grand homme.

Et planté, crâne et muet, devant le « ber », il examine son petit frère nouveau, prend son temps, pèse la décision, puis, relevant son minois calme, où parlent deux yeux foncés :

— Il est joli.

— Vrai, mon Aimé ?

Et la maman radieuse !

— Il est joli, oui, pour le sûr.

Jugement sans appel : le ton ne ment pas.

— Comment que c’est qu’on va l’appeler ?

— « François », fait le papa rayonnant d’allégresse et de fierté.

— Oui, mes petits : François, comme votre pè-