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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/65

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la mort d’une mère

d’une fatigue à l’autre, se reposait en changeant d’activité.

De ce rhume peu soigné, une faiblesse resta qui dégénéra en épuisement. Il devint nécessaire qu’une étrangère prêtât main forte à la malade.

Mai joyeux, qui fouette les sèves et partout fait éclore les vies nouvelles, n’eut pas d’assez ; doux rayons pour réchauffer cette existence que le froid terrible du trépas gagnait de plus en plus. Même l’été, parfois brûlant, vit ce corps anémié grelotter au moindre souffle rafraîchi ; défaillir quand pesait sur la poitrine haletante l’atmosphère lourde des nuits d’orage. Et vint septembre, l’automne, la saison mortelle, journées trop nombreuses de brume et de tristesse.

Le grand bois, que recule chaque période d’abatis, mais que l’on voit encore mélancoliquement, au loin, de son lit de souffrance, au travers du petit châssis par où glissèrent tant de soleil, d’amour et d’espoir, le bois frissonne. Les bouleaux et les trembles, à chaque rafale, perdent de leur frondaison.

Demain les rameaux seront tous sans une feuille. Et ces feuilles, qui furent les frais bourgeons, créant une joie dans le cœur, et le décor splendide de l’horizon, et l’ombrage aimé des heures de repos ; toutes ces feuilles découpées et peintes par Dieu, pour la consolation de celle qui n’a d’autre