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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/67

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la mort d’une mère

quand on va mourir, l’automne deux fois est triste.

∗∗∗

Pourtant la mère aimante et chrétienne songe davantage aux orphelins.

Pour elle, partir, c’est commencer la route du ciel ; pour eux et pour le père, qu’elle sait prompt à se décourager dans le malheur, ce sera gravir la pente rocailleuse du calvaire.

— Mon homme, sois vaillant ; je vais en paradis. J’en reviendrai, François, certain, certain… te soutenir… et nos petits.

Elle parlait si bas, de ce ton pitoyable qui sort de poumons éteints.

Une quinte affreuse a déchiré la phrase. Il a cru le râle étouffant la vie.

C’est à fendre l’âme, ce vigoureux affalé près de la couche, pleurant sur la main, étendue comme une main de morte, sur le drap blanc…

Il revenait de faucher durement un coin de seigle, mûr enfin celui-là, quand les avoines, presque vertes encore, n’échapperaient sans doute pas au désastre des premières pluies et des neiges qui enlisent les moissons non rentrées.

Son imagination, méchante conseillère, lui soufflait au cœur : « Rude, ton métier de colon des terres neuves. Vois ces forêts gardant le climat si froid… septembre n’est pas tout effeuillé que déjà