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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/81

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la mort d’une mère

sans dormir ; ni le père, ni ses garçons harassés du long travail… Dieu seul le sachant et le permettant, la mort saisit la femme du colon et l’entraîna, sous la nuit morne d’octobre, vers l’au-delà…

∗∗∗

Rien n’est désolant comme l’enterrement, ce matin morose.

Le cadavre, en sa bière de planches nues, s’en va sous la brume lourde qui larmoie, sans un rayon, ni quelque teinte bleue, là-haut, dans le ciel gris-noir. Il s’en va, ce cadavre, chose finie, vers l’église.

Et comme il approche, le glas jette ses plaintes qui sont une prière. Les bonnes âmes l’entendent, se signent et murmurent : « Seigneur, donnez à la défunte le repos éternel. »

Tous savent que sous le drap sombre qui passe, il y a la pauvre mère de quatre petits garçons. La mort n’a pitié de rien, mais les bonnes âmes songent à la disparue ; elles ont une prière aussi pour les orphelins.

Pour eux, l’exil commence en ce départ de leur maman, car souvent, ceux qui restent portent seuls dans leurs âmes désorientées l’amertume de la séparation. Savent-ils combien grande est leur infortune ? Ils ne le savent pas autant que l’homme abîmé dans sa douleur, qui les accompagne. Lui, c’est le père, c’est l’époux, c’est le faible qui vient