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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/85

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sombres lendemains

regarder plus souvent vers le ciel, prier. Espérait-il en Dieu ? là, vraiment, de l’espérance chrétienne qui demande le miracle et l’obtient ?

Quand la garde-malade s’en fut venue, tremblante, au petit-jour d’un lamentable octobre, balbutier : « Monsieur Gaudreau, je crois bien, votre chère dame… » lui n’avait rien répondu, même pas pleuré, d’abord ; mais dans un cauchemar, près du lit de la défunte, il s’était tenu debout, l’œil fixé sur ce corps rigide, combien de temps ?… il n’en savait rien… répétant le mot fatal « morte ! »

Ses quatre enfants l’appelaient, se tassaient près de lui. Eux du moins, pleuraient et priaient, agenouillés autour de la couche funèbre. Et ce leur était un soulagement divin, ces larmes, cette prière…

Des jours. Des semaines. Ils cherchent encore leur maman tant aimée par la maison vide, et froide, et mal entretenue ; ils songeaient à elle, mais n’osaient en parler dans leurs repas de misère, hâtifs et désolants.

Petits amis, ne cherchez ; plus votre mère : elle est partie pour l’au-delà si lointain. Vous n’aurez plus votre joie dans la pauvreté ; plus de sourire dans la souffrance ; ni le calme dans les nuits d’orage ; ni le chaud vêtement pour l’âpre hiver ; ni le parfum du repas frugal que l’amour rend délicieux ; ni le mot de paix et de lumière à l’heure trouble des jeunes