Aller au contenu

Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
sombres lendemains

— Laisses, mes enfants : nous partons, c’est tout.

∗∗∗

Partir !…

Décembre agonisait. On comptait sur les doigts ce qu’il restait à vivre de jours lugubres dans la maisonnette naguère joyeuse. Ensemble, ou séparément, d’après l’attrait plus intime, ils allaient, les bons enfants, revoir ce qu’ils ne verraient plus : chaque recoin du logis très aimé. Surtout, longuement, par les deux fenêtres peu larges, l’horizon, l’espace empli de neige, et tout au fond, la forêt, celle qu’on avait vue reculer chaque année pour des sillons nouveaux entre les souches…

Oh ! cette forêt ! La première grande image perçue par leurs yeux tout petits, l’un après l’autre, les quatre garçonnets, du seuil d’un berceau… et les pâturages libres, mal enclos de longues perches entrelacées…

Puis ils sortaient, courant par le froid, se réfugier près des crèches grossières, où ruminaient leurs grandes amies, les vaches mélancoliques. Ils leur parlaient, leur faisaient des adieux comme à de chères confidentes, les pauvres !… de leur chagrin. Et Théodule et François pardonnaient au méchant bœuf d’avoir de sa grosse tête qu’ils caressaient, brisé leur cage et tué la perdrix prisonnière.