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PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — LIVRE D’ENOCH.
E

ENOCH.

(Le livre d’Enoch.)


Cet ouvrage célèbre, cité dans l’épître de saint Jude, n’était connu que par un petit nombre de passages conservés dans les anciens auteurs ecclésiastiques et par deux fragments grecs assez étendus, insérés dans les ouvrages de Cedrenus et de George le Syncelle ; le célèbre voyageur Bruce en rapporta, vers la fin du siècle dernier, trois manuscrits de l’Abyssinie. Un des plus illustres orientalistes qu’ait produits la France, M. Silvestre de Sacy, inséra dans le Magasin encyclopédique (1800, t. I, p. 369) une netice sur cet écrit, en l’accompagnant de la traduction latine de plusieurs chapitres. Cette notice est reproduite dans les Mélanges orientaux de M. de Sacy (Paris, 1802, in-8°), et elle fut, dès son apparition, traduite en allemand, avec quelques additions, par M. Rink, Koenigsberg, 1801, in-8°.

Un savant anglican, qui devint archevêque de Cashel, en Irlande, le docteur Laurence, fut le premier qui fit connaître en entier le livre d’Enoch. En 1821, étant professeur d’hébreu à l’université d’Oxford, il publia une traduction anglaise de cet ouvrage (in-8°, XLVIII et 214 pages), en y joignant une introduction et des notes. M. Silvestre de Sacy, qui a rendu compte de ce travail dans le Journal des savants (septembre et octobre 1822, p. 545-551 et 587 595), dit qu’il donne une idée très avantageuse de l’érudition de l’éditeur et de ses connaissances en fait de littérature biblique et ecclésiastique. » De même que le docteur anglican, M. de Sacy pense que l’auteur du livre d’Enoch a écrit en hébreu, « pourvu qu’on prenne le nom et la langue hébraïque avec quelque latitude, car il se pourrait que l’original eût été écrit en chaldéen, ou dans l’idiome que parlaient les habitants de la Palestine au temps de Jésus-Christ et des apôtres, et qui ne nous est que bien imparfaitement connu. »

L’érudition allemande a depuis fait beaucoup pour le livre d’Enoch ; M. A.C. Hoffmann, professeur de théologie à léna, en a donné en 1838 une traduction allemande (léna, 1838, in-8°, XVIII et 962 pages). La traduction est accompagnée d’un commentaire très-étendu qui, placé au bas des pages où est le texte, les remplit presque en entier ; deux dissertations, mises à la fin du volume, sont relatives, l’une (p. 887-916) aux fragments du livre d’Enoch, conservés en grec ; l’autre (p. 917-963) à l’examen de la question, si le livre d’Enoch, tel que nous le possédons, n’est pas la suite du remaniement d’un aneien écrit prophétique modifié et interpolé. Une traduction de la dissertation du docteur Laurence précède ce long travail. M. A.-F. Gfrærer, directeur de la bibliothèque de Stuttgard, inséra dans un curieux volume qu’il publia en 1840 (Prophetæ veteres pseudepigraphi, Stuttgard, in-8o) une traduction latine de la dissertation de Laurence et du livre d’Enoch, d’après la version anglaise (p. 169-302). M. Dillmann, dont nous avons déjà fait connaître les travaux relatifs au Combat d’Adam, a consacré de patientes recherches à l’ouvrage qui nous occupe ; il a commencé par en publier, pour la première fois, le texte éthiopien en 1851, et il a mis au jour, en 1853, à Leipzig, une traduction allemande (in-8°, LXII et 311 pages) précédée d’une préface et accompagnées de notes qui, mises à la suite du livre, occupent 258 pages.

L’époque de la rédaction du texte éthiopien, le seul que nous possédions aujourd’hui, attire l’attention du savant orientaliste de Tubingue. Il remarque que la traduction éthiopienne de la Bible comprenant les livres canoniques et divers apocryphes, a été faite dans le cours du ive et du ve siècle, d’après le texte grec de la version alexandrine. Ce n’est que vers cette époque que le livre d’Enoch a pu passer en éthiopien ; on s’en assure en comparant les nombreux passages empruntés à l’Écriture qui se rencontrent chez lui et qu’on retrouve les mêmes, au fond, dans la version de la Bible dont nous parlons. Cette traduction doit être regardée dans son ensemble comme fidèle et exacte, quoiqu’on s’aperçoive, en quelques endroits, que le traducteur ne comprenait pas toujours le sens des mots grecs qu’il avait sous les yeux ; parfois aussi avait-il devant lui des leçons corrompues et fautives qu’il n’était pas assez habile pour rectifier.

Les travaux de M. Dillmann l’ont conduit à changer quelque chose au point de vue Sous lequel le livre d’Enoch se présente dans l’édition anglaise. I modifie la division adoptée par le docteur Laurence, et il compte 108 chapitres au lieu de 105 ; il réunit en un seul chapitre le n (qui n’a qu’un seul verset) et le nr de l’édition d’Oxford. Le chapitre vi de sa traduction commence au chapitre vir de Laurence, et réunit en huit versets les neuf premiers de ce chapitre ; les versets 10 à 15 de ce même chapitre, chez le prélat anglais, forment un chapitre séparé (le vii) chez l’interprète allemand, de sorte qu’ils se retrouvent d’accord au début du VII chapitre. Quant au chapitre xi qui manque chez Laurence, Dillmann, suivant en cela le manuscrit de Paris, le forme avec les deux derniers versets du chapitre x. Il com-