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PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — LIVRE D’ENOCH.

9. Son nom était Dendagin[1] à l’orient du jardin où habiteront les élus et les justes, et où fut placé mon aïeul, le septième après Adam, le premier homme créé par le Seigneur des esprits.

10. Alors je demandai à l’autre ange qu’il me montre la puissance de ces monstres, et comment ils avaient été séparés dans le même jour pour être précipités, l’un dans le fond de la mer, l’autre dans le fond d’un désert.

11. Et il me dit : O fils de l’homme[2], tu veux savoir les choses mystérieuses et cachées.

12. Et l’ange de la paix qui était avec moi me dit : Ces deux monstres sont des créatures de la puissance divine, ils doivent dévorer ceux qu’aura punis la vengeance de Dieu.

13. Alors les enfants tomberont avec leurs mères, les fils avec leurs pères.

14. Et ils recevront le châtiment qu’ils auront mérité, et la justice de Dieu sera satisfaite, mais après ce jugement viendra l’heure de la miséricorde et de la longanimité.

CHAPITRE LIX.

1. Alors l’autre ange qui était avec moi, me parla,

2. Et me révéla les premiers et les derniers secrets sur le ciel et sur la terre,

3. Sur les confins du ciel, et dans ses fondements, dans les réceptacles des vents ;

4. Il me montra comment leurs souffles sont divisés et pesés , comment les vents et les fontaines sont classés, d’après leur énergie et leur abondance.

5. Il me fit voir l’éclat de la lumière de la lune, c’est une puissance de justice ; comment des étoiles se subdivisent entre elles, et quel nom est propre à chacune[3].

6. Il me montra encore les tonnerres distingués aussi entr’eux, par leur poids, par leur énergie, par leur puissance[4].

7. Je vis l’obéissance de ces fléaux célestes à sa divine volonté. J’appris que la lumière ne se séparait point de la foudre, et quoique l’un et l’autre soient unis par des esprits différents, ils n’en sont pas moins inséparables

8. Car quand la foudre sillonné la nue, le tonnerre gronde, mais leurs esprits[5] s’arrêtent au moment opportun, et font un juste équilibre ; leurs trésors sont aussi nombreux que les grains de sable. L’un et l’autre s’apaisent quand il le faut, et suivant les circonstances, ils compriment leurs forces on ils les déchaînent.

9. Egalement l’esprit de la mer est puissant et fort, et de même qu’une puissance prodigieuse la retire en arrière avec une bride, de même elle est chassée en avant et dispersée contre les montagnes. L’esprit des frimas, c’est son ange ; l’esprit de la grêle est un bon ange ainsi que l’esprit de la neige, à cause de sa force, et il y a en elle principalement un esprit qui en fait élever comme de la fumée, et son nom est fraîcheur[6].

10. L’esprit des nuages n’habite point avec ceux dont je viens de parler, mais il a sa demeure particulière ; sa marche s’opère dans la splendeur,

11. Dans la lumière et dans les ténèbres[7], dans l’hiver et dans l’été son séjour est splendide, et son ange est toujours lumineux.

12. L’esprit de la rosée[8] fait sa demeure sur les confins mêmes des cieux, son séjour est voisin de celui de la pluie ; son empire s’exerce pendant l’hiver, pendant l’été. Quant aux nuages, voici leur origine : une première nuée est produite, elle s’en adjoint plusieurs autres ; bientôt elles s’amoncellent portant la pluie dans leurs humides flancs ; alors l’ange apparaît, il ouvre les trésors supérieurs, et la pluie est ainsi créée.

13. Même chose arrive quand la pluie se répand sur la face de la terre, qu’elle va se réunir à toutes les eaux qui coulent dans son sein, après l’avoir fécondée ; car les eaux
  1. Le nom de Dendagin ne se trouve que dans le livre d’Enoch.
  2. On sait que cette expression revient souvent dans le langage prophétique d’Ezéchiel.
  3. L’Ecriture offre fréquemment, dans les écrits des prophètes, des passages qui rappellent ce que dit ici le pseudo-Enoch. Voy. Isa. v, 19 ; XLVI, 5 ; Jerem. xvii, 15 ; Amos Epist. v, 18 ; Ezech x11, 22.
  4. Ce verset est obscur. Les deux manuscrits d’Oxfort et de Paris présentent des leçons différentes. Le texte éthiopien du premier peut se rendre par Et omnis divisio dividitur ; fulgure quod fulgurat ; tandis qu’on peut rendre le texte du second par. Et omnis divisio dividitur : et tonitru (tonitrua) in singulis suis casibus ; et in omni divisione, qua dividitur, quod fulgurat fulgure. Hoffmann discute le sens de ces variantes dans une longue note, remplie de détails grammaticaux et qu’il suffit d’indiquer (p. 427-452).
  5. On remarquera ce goût étrange pour la personnification qui porte l’auteur du Livre d’Enoch à regarder les vents, le tonnerre, la mer, la neige, la gelée, la pluie, comme des êtres particuliers animés par des esprits à l’instar du corps humain. Les effets qu’ils produisent sont représentés comme le résultat d’une intelligence qui réside en eux ; ils figurent comme obéissant à des lois qui leur sont imposées, et ils sont punis lorsqu’ils les enfreignent.
  6. La cosmogonie qu’expose le pseudo-Enoch se retrouve, quant au fond, dans d’autres auteurs grecs des premiers siècles. Un auteur, né à Alexandrie, et qui écrivait en l’an 556, Cosmas, croit non-seulement que le soleil, la lune et les étoiles sont dirigés par des esprits célestes, mais encore qu’il existe des anges dont l’occupation spéciale est de rassembler les nuages ; et qu’il en est d’autres qui occasionnent et qui règlent la pluie, les vents, la neige, la gelée, la chaleur.--Voir Cosmas Indicopleustes, Topographia Christiana, dans la Collect. nov. Patr. et Script. Græcor., éditée par Montfaucon, t. II, p. 150, 155, 280. Des idées semblables se trouvent exprimées dans l’écrit de Jean Philoponus, De mundi creatione, lib. vii, ed. B. Corderius, Vienne, 1630, in-4o, l. 1, c. 12, p. 25.
  7. La lumière et les ténèbres, expression poé. tique pour le jour et la nuit.
  8. Moïse représente aussi la rosée comme venant du ciel. (Deuter. xxxii, 28.)