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Page:Doumic - George Sand Dix Conferences sur sa vie et son oeuvre 1922.djvu/138

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Voilà donc les conditions où se trouve George Sand. Sa position est extérieurement calme, indépendante, avantageuse. Mais sa vie intérieure est de nouveau désolée. Elle se dit profondément découragée. Elle a vécu des siècles ; elle a subi un enfer ; son cœur a vieilli de vingt ans, et rien ne lui sourit plus. D’autre part la vie publique achève de l’attrister. L’horizon s’est assombri. On n’en est plus aux espoirs infinis et à l’enthousiasme de 1831. « La République rêvée en juillet aboutissait aux massacres de Varsovie et à l’holocauste du cloître Saint-Merry. Le choléra venait de décimer le monde. Le saint-simonisme… avortait sans avoir tranché la grande question de l’amour »[1]. C’était la dépression succédant à l’exaltation, phénomène bien connu au lendemain des convulsions politiques et qu’on pourrait appeler la perpétuelle banqueroute des promesses révolutionnaires.

C’est sous ces influences que George Sand

  1. Histoire de ma vie.