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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

blement d’analogue manière que s’est accrédité, il y a quinze ans, le Mahdi du Soudan égyptien. C’est ainsi que sans tarder nous allons voir dans le Soudan nigritien, se lever d’autres ambitieux, El Hadj Omar et Samory ; enfin, c’est très certainement par le fanatisme religieux que procédera dans l’avenir celui qui appellera ces pays à la révolte contre notre domination.

Nos possessions soudanaises sont peuplées de races si diverses et sympathisant si peu entre elles, que l’on aura toujours raison des unes avec l’aide des autres. Mais à une condition : de briser partout, par tous les moyens et sans indulgence, l’influence religieuse, qui seule peut réprimer momentanément les Jalousies et les dissensions des peuples, et en former un faisceau dangereux.

Cheikou Ahmadou mourut en 1844 et eut pour successeur son fils Ahmadou-Cheikou. Du vivant même de son fondateur, l’empire si rapidement édifié commença d’être ébranlé. Rapaces et insatiables, cruels pour leurs coreligionnaires comme pour les infidèles, les Foulbés eurent à défendre continuellement leur domination. Leur impopularité fut telle que les habitants de Tombouctou n’hésitèrent pas à appeler à leur secours et à introduire dans la boucle du Niger un troisième élément, arabe celui-là, les tribus kountas du sud tunisien.

Cependant, à la mort de Ahmadou-Cheikou (1852), une dynastie rivale se dessinait déjà dans les pays du Haut-Niger et du Haut-Sénégal. Son fondateur était de race toucouleur, métis de nègres et de foulbés. De naissance peu illustre, fils d’un marabout des environs de Podor, pour justifier de ses ambitions, lui aussi n’excipait que de sa sainteté. Il avait fait le pèlerinage de la Mecque : c’était El Hadj (le pèlerin) Omar. Comme Cheikou-Ahmadou, sous prétexte de mission divine et de guerre