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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

Les Toucouleurs restèrent néanmoins maîtres du nord de la Boucle sous le gouvernement de Tidiani, un neveu d’El Hadj Omar. Ahmadou, son fils, lui avait succédé au pouvoir suprême qu’il eut à défendre contre ses frères. Une série de guerres civiles s’engagea et dura jusqu’en 1877, où Ahmadou se trouva seul maître.

Vers le même temps surgit un nouveau prophète, lui aussi massacreur et pillard émérite au nom de Dieu et de Mahomet. Samory entre en scène et va ravager le centre et le sud de la Boucle et la rive gauche du Niger.

Mais peu à peu, sous l’impulsion du général Borgnis-Desbordes, alors colonel, nos forts se sont avancés vers le grand fleuve. Nous sommes installés sur ses rives en 1883, à Bammakou. Des canonnières nous font connaître dans le nord, tandis que nos colonnes pourchassent Samory dans le sud. Puis le colonel Archinard reprend notre marche le long du Niger. En 1892, la prise de Ségou marque la fin de l’empire toucouleur. En 1893, nous sommes à Dienné, enfin, au mois de décembre de la même année, le drapeau tricolore flotte sur Tombouctou.

Ces quelques pages d’histoire et les données nouvelles qui en découlent sont non seulement nécessaires pour expliquer Dienné et son décor égyptien, mais s’imposent à d’autres titres encore.

Elles montrent que nous avons pris possession du Soudan à un moment certes très favorable pour une conquête relativement facile, étant donnés l’étendue considérable de ce pays et nos modestes effectifs d’occupation. En revanche, nous y sommes arrivés dans les conditions les plus défavorables de prospérité, après une période d’histoire telle qu’il ne s’en était vu depuis douze siècles, — après deux cents ans des pires destinées.