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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/196

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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

Parce qu’il y avait trop de mosquées à Dienné, racontaient les uns. Parce qu’elle avait la prétention d’être plus belle que celle de la Mecque, disaient plus vraisemblablement les autres.

La vérité n’était ni ici, ni là. Un curieux amour-propre de clocher s’efforçait de la dissimuler. Une jalousie de clocher — et de prêtre — me la révéla.

Je tenais un jour séance de document humain. Parmi mes interlocuteurs se trouvaient trois marabouts. Deux étaient originaires de Dienné, et le troisième de Ségou. En cette pieuse société je ne manquai pas de mettre sur le tapis les causes de la destruction de la mosquée. En vain. Les deux Diennéens répétaient les mauvaises raisons que je savais. L’étranger, lui, se taisait en regardant obstinément ses sandales.

Je n’avais guère prêté attention à cette attitude, quand le lendemain je le vis revenir, de grand matin, en mystère. Ayant rapidement exploré de l’œil les abords de ma demeure, il entra, ferma la porte et, reprenant sa place de la veille, me dit : « Tu nous as demandé pourquoi Cheikou-Ahmadou avait détruit la vieille mosquée. Je le sais. Mais c’est unc histoire désagréable pour Dienné. Naturellement les marabouts d’ici n’aiment pas à la répandre. C’est pourquoi, hier, en présence de mes frères de Dienné, je n’ai pas dit ce que je savais. Je vais te le conter maintenant. Ensuite tu leur répéteras l’histoire, et tu leur demanderas : « Est-ce vral ? »

Ainsi fut fait, et les deux marabouts me confirmèrent effectivement son récit, prétendant avoir pris des informations dans l’intervalle.

Une partie de la jeuucsse de Cheikou-Ahmadou s’était écoulée à Dienné où son père l’avait envoyé s’instruire auprès des marabouts nombreux et savants. La famille n’était ni riche ni