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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

question des transports. Et Dienné enseigna aux peuples du Niger l’art de la navigation commerciale.

Pas plus que la ville ne ressemble à une cité aborigène, ni ses maisons à des cases, pas plus ses embarcations ne rappellent l’habituelle pirogue. Au lieu du primitif esquif creusé dans un tronc d’arbre, étroit, à la merci de la moindre des grandes brises du Niger, ne pouvant effectuer que des transports dérisoires, et dont les occupants, pour ne pas chavirer, doivent garder l’immobilité d’un Bouddha de tabernacle indou ou déployer l’adresse des équilibristes japonais, le Diennéen s’est créé des embarcations vastes, stables, résistantes, — comparativement, — de véritables navires.

La construction en est curieuse. Leur charpente ou corps n’est pas formée par des planches régulières, ajustées et clouées autour d’une quille. Des plaques irrégulières de kaïcedra, d’ébène ou de karité, percées de trous sur les bords, sont juxtaposées et assemblées comme les pierres d’une mosaïque,

CONSTRUCTION D’UNE GRANDE BARQUE.


puis cousues entré elles au moyen de fortes cordes de chanvre. D’où cette formule fantaisiste : pour faire une pirogue diennéenne, on prend des trous et on les entoure de cordes et de bois. Et, de fait, lorsqu’on voit une de ces embarcations en construction ou en réparation sur le rivage, elle a l’air d’une vaste écumoire. Cependant on les rend suffisamment étanches, au moyen de paille, de glaise et d’étoupe,