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DE DIENNÉ À TOMBOUCTOU

J’ai pris pour gagner Tombouctou l’habituel chemin, le Niger, et me suis réinstallé dans mon yacht-pirogue. J’ai hâte d’atteindre la ville mystérieuse afin d’y lire la suite de cette épopée de civilisation dont Dienné m’a conté la première partie. Il me tarde de soulever complètement le voile qui si longtemps nous a caché le Soudan, et nous l’a fait imaginer comme un des derniers refuges de la barbarie, alors que lui aussi avait cueilli un rameau au grand arbre égyptien, père de toutes les civilisations occidentales.

Tara ! Tara ! Bosos… Volez, mes braves bateliers… Quelle vie pendant sept jours ! Nous voyageons jour et nuit. Je n’ai pas dormi deux heures consécutives. Trouver son chemin à travers les trois deltas qui précèdent Tombouctou n’est pas une petite affaire. La boussole d’une main, la carte de l’autre, comme un capitaine sur l’Océan il me faut guider mon petit navire. C’est véritablement un océan, tout ce pays, en ce mois de janvier où les inondations atteignent leurs limites extrêmes. C’est la mer de verdures navigables. Un affolant dédale s’étend en aval de Dienné, un entre-croisement déroutant de bras, de canaux, de méandres et d’anses. Avec les cartes encore incomplètes et les équipages inexpérimentés que Je recrute à la hâte aux relais, il faut une vigilance incessante. Et pas de lune en ce moment !