Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIV

L’UNIVERSITÉ DE SANKORÉ

La Reine du Soudan eût été parée d’une couronne incomplète si le fleuron de l’art eût manqué.

Des raisons péremptoires l’empêchèrent de posséder des monuments. Pas de pierres, pas de bois loin à la ronde. Point de plâtre non plus. Même la précieuse glaise de Dienné faisait défaut, en ce seuil du désert. Cela me dispense de parler longuement, au point de vue de l’architecture, des deux grandes mosquées, Ginghéréber et Sankoré, et de l’oratoire de Sidi Yahia, encore que j’aie été, après René Caillié, le premier Européen qui les ait visitées intérieurement. Elles tranchent assurément sur les maisons par leurs dimensions considérables, mais sans atteindre pour cela la valeur de monuments. Un assemblage de murailles en pisé, toutes hautes, longues et épaisses qu’elles soient, ne constituent point une manifestation artistique. Rien ne rappelle dans ces temples l’heureuse harmonie décorative de la vieille mosquée de Dienné. Leurs trois tours minarets en forme de pyramides tronquées, que l’on voit au dehors dominer la silhouette de la ville, en sont le seul intérêt[1].

  1. Au xive siècle, le souverain du Mali avait élevé un palais à Tombouctou. Mais les palais n’ont décidément pas de chance au Soudan. Déjà, au xvie siècle, il avait disparu. Ses ruines forment à l’ouest de la ville un tertre compact qui est utilisé comme abattoir.