Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
319
L’UNIVERSITÉ DE SANKORÉ

ment au temps du Ramadan, pendant le carême musulman. On en vit qui, pareils aux solitaires de la Thébaïde, se retiraient loin du monde. Celui-ci passait toute la nuit à prier dans la mosquée. Celui-là ne se lassait du jeûne et était rempli de soins pour les orphelins. Cet autre… mais admirez plutôt, d’après l’original, la figure parfaite que voici :

« Le cheik très savant et très pieux Abou Abdalla n’avait rien lui appartenant. Tous ses biens passaient à secourir les pauvres et les malheureux. Il achetait des esclaves auxquels il rendait ensuite la liberté. Sa maison n’avait pas de porte. On y entrait sans être annoncé. Aussi les hommes venaient-ils le visiter de tout endroit, à toute heure, surtout le dimanche après la prière de deux heures. Des Marocains et des Arabes accoururent en foule auprès de lui quand ils connurent ses vertus. »

Ne croirait-on pas lire la vie de quelque saint chrétien ? Comme à ceux-ci, du reste, on n’a pas manqué d’attribuer aux marabouts des miracles nombreux. Voici celui qu’accomplit l’un d’eux qui vivait vers l’an 1330 : « Le faki EI Hadj, grand-père du cadi Abderrahman, se trouvait à Bankou lorsque le roi de Mossi vint attaquer la ville. La population s’étant assemblée autour de lui au moment de combattre, il leur ordonna de manger d’une certaine herbe. Ils firent ainsi, à l’exception d’un seul qui refusa. Alors El Hadj leur dit : « Allez maintenant au combat, et les flèches ne vous atteindront pas. » Tous revinrent du combat, victorieux et sains et saufs, à l’exception de l’homme qui n’avait pas voulu manger cette herbe et qui mourut dans la mêlée. » Le fait suivant, non moins merveilleux, advint au trisaïeul d’un écrivain célèbre, Ahmed Baba : « Étant à Médine (d’Arabie), il demanda à visiter le tombeau du prophète. Comme cette grâce ne lui avait point été accordée, il s’assit sur le seuil de la chapelle funéraire et se mit à réciter les litanies de l’élu de Dieu. Aussitôt la porte s’ouvrit d’elle-même, et les assistants, stupéfaits de ce