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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/343

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L’UNIVERSITÉ DE SANKORÉ

les Chenaïl de Termedi qui contiennent la description des qualités du Prophète, sa vie intime et sa politique, enfin des ouvrages célèbres de droit, selon la secte de l’Iman Malek, avec les nombreux commentaires auxquels ils ont donné naissance, l’abrégé de Sidi Khalil, la Risala d’Abou-Zeid de Kaïrouan, etc.

Les ouvrages d’imagination ne leur manquaient pas. À côté de poèmes, ils avaient les ouvrages du genre spécial à la littérature arabe : les Séances de Hariri ou de Hamadani. J’ai retrouvé un exemplaire du Choix de Merveilles composé vers l’an 1160 à Mossoul par le savant Abou Abdallah ben Abderrahim de Grenade. Les travaux historiques ou géographiques du Maroc, de Tunis et d’Égypte étaient également connus. Ibn Batouta est souvent cité. Enfin des livres de médecine et d’astronomie représentaient la science pure.

L’on peut donc dire que les bibliothèques de Tombouctou comprenaient presque toute, sinon toute, la littérature arabe. Entre autres trafics, Tombouctou avait la spécialité du commerce des manuscrits. « Les livres, dit Léon l’Africain, s’y vendent fort bien, tellement qu’on en retire plus grand profit que de quelque autre marchandise qui se puisse vendre. » Les productions littéraires d’Espagne et du Maroc côtoyaient les œuvres de la Syrie et de Bagdad.

Les docteurs tombouctiens étaient, pour employer un mot qui paraîtra peut-être étrange appliqué à des nègres, des bibliophiles, et dans le plus beau sens du mot ; non de maniaques collectionneurs de reliures et d’ouvrages non coupés, mais de véritables « amants de livres ». Nous les voyons « recherchant les œuvres qui leur manquent avec une véritable passion », et les copiant eux-mêmes quand ils n’étaient pas assez riches pour les acheter. On rassemblait ainsi des collections de 700 à 2,000 volumes. À l’encontre de beaucoup d’amateurs de livres de notre époque, avares de leurs richesses, le bibliophile tombouctien mettait une véritable joie à