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XV

LA POLITIQUE ET LA LITTÉRATURE

Prêtres, magistrats et savants, les marabouts étendaient encore leur action à la politique et à la littérature.

Nous avons montré grands et petits accourant vers leurs demeures, tablant sur leur sainteté et leur sagesse pour demander des conseils et des consolations.

Les pieux et savants personnages s’accoutumèrent ainsi à donner leur avis également quand on ne le leur demandait pas. Ils firent des remontrances quelquefois sévères aux gens de toute classe et même aux princes. Chez le cadi El Aakib, par exemple, «il y avait un mélarige de fermeté et d’indépendance qui le mettait au-dessus de tous les préjugés. Devant le sultan il émettait ses opinions avec la même franchise que devant le peuple. Dès qu’il remarquait dans sa conduite un acte réprouvé par le Prophète (nota bene : on trouve toujours dans le Koran un texte, une phrase, pour affirmer ou infirmer n’importe quoi !) il offrait sa démission et s’enfermait chez lui. » Ainsi les marabouts glissèrent sur la voie dangereuse de la politique.

Cette intrusion dans le domaine temporel leur valut de nombreux et graves mécomptes, et finalement amena leur affaiblissement et leur décadence. Sunni Ali appesantit cruellement sa poigne de soldat sur ceux d’entre eux qui lui firent de l’opposition. Divers épisodes nous ont déjà montré ses vengeances. En voici un autre :