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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

musulmans étrangers, de musulmans de race blanche, que le Soudanais se transforme en sectaire.

C’est de ce contact que nous devrons le préserver pour maintenir la paix dans les pays du Niger.

Une dernière observation caractéristique : parmi les populations soudaniennes ce n’est pas le nègre pur qui se laisse entraîner aux guerres saintes, mais les peuples qui ont dans les veines du sang de race blanche : le Foulbé, qui est d’origine berbère, et le Toucouleur, qui est un métis de Foulbé et de nègre Malinké.

Parmi les marabouts soudaniens qui se firent un nom comme conseillers ministres d’Askia-le-Grand, il en est un qu’il faut retenir : Mohamed Kôti ou Koutou. Avec lui nous allons avoir l’occasion de parler de la production littéraire du Soudan. Il est, en effet, le premier en date des écrivains nigritiens qui méritent d’attirer notre attention.

C’était, suivant les uns, un Malinké, selon d’autres, un Songhoï qui était né à Karamiou. Ayant fait ses premières études à Tindirmah, il s’en fut compléter son éducation à Tombouctou, après quoi il devint un des conseillers les plus écoutés, tyrannique même, du grand roi. Voici comment prit naissance son autorité. Un jour Askia avait fait distribuer des dattes sèches à son entourage, et Kôti, qui était nouveau venu à la cour, avait été oublié dans cette distribution. Peu après le savant docteur assembla ses élèves et leur distribua des dattes fraîches. Ce fait miraculeux — car le Soudan ne produit pas de dattes — étant parvenu aux oreilles du roi, il reconnut Kôti comme marqué du sceau divin. Dès lors il lui accorda toute sa confiance et lui donna de grands biens qui lui permirent de se consacrer à la littérature.

Aux livres de Bagdad, du Caire, de Grenade, qui composaient le fond de leurs bibliothèques, les docteurs soudaniens