Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
364
TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

ville par un de nos matelots. C’est le cas ou jamais de dire : c’était écrit. Le premier Européen qui vit la ville mystérieuse était, lui aussi, matelot et Français. Paul Imbert est son nom, et les Sables-d’Olonne sont le lieu de sa naissance. Je me hâte de dire qu’il fit le voyage le plus involontairement du monde. Son navire vint échouer sur les côtes du Maroc. Étant parvenu à se sauver, Imbert fut pris par des Arabes, réduit en esclavage, puis vendu à un Portugais renégat au service du sultan. Ayant été envoyé en mission par le gouvernement marocain, le Portugais emmena l’ancien matelot à Tombouctou vers 1670. Paul Imbert put faire parvenir en Europe des données très sommaires, et mourut en captivité avant qu’on eût pu le délivrer.

Le troisième nom qui mérite d’être rattaché à Tombouctou est celui de l’Écossais Mungo-Park. Parti de la Gambie, il parvint à atteindre le Niger à Ségou, et fut le premier Européen à qui il a été donné de voir le grand fleuve de l’Ouest africain (1795). Il publia de ce voyage une relation des plus attrayantes. L’écrivain se double chez lui d’un homme d’instruction solide. Aussi son livre fut-il le point de départ des nombreuses explorations que vit cette partie de l’Afrique au début de notre siècle. Il se recommande aujourd’hui encore à la lecture de tous. Le Soudan y est montré dans une période relativement normale et le tableau est tracé par une plume intéressante et compétente.

Le fleuve géant avait exercé sur Mungo-Park toutes les fascinations que nous avons éprouvées nous-même et que nous avons tenté de décrire. Il ne tarda pas à y retourner en 1805, avec le projet de le descendre jusqu’à son embouchure. Une quarantaine d’Européens l’accompagnaient, parmi lesquels 35 soldats anglais, 4 charpentiers et un artiste peintre du nom de Scott. La petite troupe, considérablement diminuée par les fièvres, atteignit le Niger à Bammakou.

Au delà de cette ville j’ai retrouvé très vivace le souvenir