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L’EUROPE ET TOMBOUCTOU

rue que celle de Laing : pour aller de celle-ci à celle-là, il faut traverser une autre rue, selon la relation de Caillié. Son habitation plus heureuse que le logis de Laing, est encore debout, et en fort bon état, intérieurement s’entend. C’est une vaste demeure qui montre bien l’homme important et riche chez qui le pauvre voyageur trouva une gracieuse et large hospitalité. Sidi Abdallah n’habitait pas là ; c’était l’entrepôt de ses marchandises. La maison est occupée de nouveau par un des commerçants considérables de Tombouctou, marocain comme Sidi Abdallah, et qui en a également fait son magasin. Je vis donc cette demeure sous le même aspect qu’elle avait dû apparaître à Caillié.

Autour de deux cours spacieuses, je trouvai « les petites pièces longues et étroites, sans fenêtres, servant indifféremment de magasin et de chambre à coucher », dans l’une desquelles René Caillié avait été logé et où « il étouffait jour et nuit ». L’intérieur en était encombré de colis et de sacs de toute espèce, notamment de ballots de plumes d’autruche et de défenses d’éléphants. Des lances piquées en terre indiquaient que des hommes du Désert occupaient actuellement les pièces étouffantes. Le propriétaire de la maison, Mohamed el Bachir venait, en effet, de recevoir sa caravane annuelle de Tendouf, ville marocaine sur la lisière du Sahara. Les siens avaient là-bas de grands troupeaux de chameaux, et ils pouvaient, malgré l’insécurité des routes sahariennes, continuer leur commerce, parce qu’ils appartenaient à une famille de marabouts, très influente dans le Désert. J’eus avec el Bachir d’excellents rapports. C’est lui qui m’a fourni en grande partie les données sur le commerce actuel de Tombouctou. Il connaissait les Européens, ayant eu des relations avec eux à Mogador où il allait s’approvisionner de nos produits. Néanmoins je fus un Jour surpris de l’entendre me demander des renseignements sur Paris (prononcé Parisse). Il me dit que depuis longtemps il con-